Les vélos
Au début Raymond Wolhauser était donc un agent RHONSON, la loi lui permettait aussi d’utiliser son nom comme marque. Dans ce cas, il n’y a jamais eu de machine type, chacune d’elles était assemblée «à la carte», selon les choix du client. De 1946 jusqu’en 1953, à Saint-Romain-en-Gier, Mario Miosotti (qui avait appris le métier chez LONGONI) brasait des cadres presque exclusivement pour WOLHAUSER et plus épisodiquement à partir de 1954 (lorsqu'il s'installa à Givors). Des cadres furent aussi achetés chez FOLLIS dont les plus hauts en gamme (un tandem conservé par un musée, une bicyclette de ville et deux vélos de course, chez des collectionneurs, montrent un raffinement exceptionnel). Il y eut probablement d’autres provenances et il est possible que des cadres aient été modifiés ou réparés dans un local très réduit attenant au magasin.
Dans les dernières années 50, une relation étroite avec Giuseppe Martano permit à Wolhauser d’acheter de très beaux cadres rouges, avec la douille de direction et un manchon blancs, chez GALMOZZI à Milan. Ces cadres à la finition parfaite permirent de franchir un important palier qualitatif ainsi qu'un peu "d'exotisme" que les amateurs de beaux vélos apprécièrent rapidement. Ils étaient disponibles en deux qualités : COLUMBUS (peut-être les premiers introduits en France) et "chauffage central", selon l'appréciation de Raymond Wolhauser (qui les vendait quand même).
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Programme des Gentlemen Lyonnais 1956 (Archives René Bellone)
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Martano lui ouvrit aussi les portes des meilleurs accessoiristes italiens dont CAMPAGNOLO et UNIVERSAL (auxquels il achetait déjà un peu de matériel via des importateurs) afin d’obtenir directement des tarifs plus avantageux permettant des approvisionnements plus importants, et ainsi de pouvoir faire face rapidement et longtemps à toutes les demandes.
Giuseppe Martano (1910-1994) fut Champion du monde amateur sur route en 1930 et 32 , d'Italie en 1932, 3ème du Tour de France 1933 et 2ème en 1934, 2ème du Giro 1935. Dans les années 40, redevenu amateur il fit quelques courses en France (pour l'équipe RHONSON en 1948) c'est peut-être pour cela que Raymond Wolhauser fit sa connaissance. Ensuite il fabriqua les jantes du même nom.
La renommée de WOLHAUSER grandit encore lorsqu'en 1960 (ou 61) Raymond Wolhauser parvint, toujours grâce à Martano, à se procurer, chez l'artisan-cadreur Giuseppe PELA à Turin, fournisseur de l’équipe du Groupe Sportif CARPANO, des cadres en COLUMBUS 6/9 dixièmes, et quelques-uns en 4 dixièmes constants, émaillés comme ceux de l'équipe "pro", gris métallisé avec des bagues blanches et noires au tube de selle, chromés à l’italienne, dont l’esthétique connut un très grand succès * . Quelques uns étaient en jaune métallisé à la place du gris, d’autres étaient émaillés aux couleurs de LEGNANO. Il semblerait que les premiers cadres livrés étaient assemblés avec les mêmes raccords, au dessin dépouillé très moderne à l’époque, que ceux destinés à l’équipe du groupe sportif italien, à moins que cela ne fut que les 4 dixièmes. Il est possible que ces raccords ne plurent pas à Raymond Wolhauser et très vite d’autres plus «découpés» les remplacèrent.
* Cette décoration fit école et, avec quelques variantes pour éviter le plagiat, de nombreux cadres, de toutes marques, furent émaillés dans ce gris métallisé chez DEPIGNY.
Raymond Wolhauser avait-il eu l'occasion d'essayer lui-même ces cadres-là, ou avait-il fait confiance aux arguments de Martano ? Personne ne peut le dire, mais ce fut un choix capital car ces cadres conféraient aux WOLHAUSER une personalité encore plus raffinée que les précédents. La géométrie différente de ce qui se faisait en France : cadre dit "au carré', c'est à dire que la longueur du tube horizontal était égale à la hauteur du tube de selle et celui-ci, ainsi que la douille de direction un peu plus inclinés vers l'arrière, donnaient un très bel équilibre visuel au vélo, mais aussi un confort de roulage supérieur. Les caractéristiques dynamiques des tubes COLUMBUS et la forme (en section) des fourreaux de fourche (très différente de celle des tubes REYNOLDS) y étaient pour beaucoup.
Le stock, renouvelé régulièrement par séries d’environ 30 cadres, était suffisant pour n’avoir plus besoin d’en faire sur mesures (comment aurait-il été possible d’en fabriquer à l’unité en Italie, de le faire chromer, polir, émailler, de l’acheminer à Lyon et de le monter pour le livrer en 2 ou 3 semaines ?). Tout commençait toujours par une discussion pendant laquelle, dans son éternelle blouse bleue, Raymond Wolhauser, bâton de réglisse au coin de la bouche, cernait bien les besoins, les envies et le budget du client. Son œil aguerri lui permettait de définir rapidement la hauteur de cadre nécessaire et il ne proposait que celle qu’il savait avoir en stock. Un vélo dit «sur mesures» était un vélo monté «à la carte» sur un cadre en stock, dont la hauteur était bien adaptée à la taille du client.
Quasiment dès leur apparition, Wolhauser reçu des potences TTT gran prix qui furent la monte principale pendant plus de 10 ans (la Société "Tecnologia del Tubo Torinese" à été créée à Turin en 1961 par Mario Dedioniggi).
A peu près à la même époque, après avoir longtemps vendu les boyaux D’ALLESSANDRO, WOLHAUSER obtint l’exclusivité pour la France des VITTORIA (Ambrosiana Gomma) qu’il laissait sécher dans l’obscurité, au minimum un an, avec des vérifications permanentes, en vrai fils de fromager, avant de les mettre en vente. Là encore il avait acheté en quantité telle qu’il pouvait vendre à prix compétitif. WOLHAUSER expédiait des boyaux et des accessoires dans toute la France et un employé à mi-temps ne s’occupait que de cela.
Pour les cyclistes, Raymond Wolhauser était devenu "Wolhau" ou "le Grand Wolhau".
Lorsque, en 1963, WOLHAUSER commença à équiper ses coureurs de vélos à cadres PELA entièrement chromés, une telle machine devint indispensable à qui voulait rouler sur ce qui se faisait de mieux. Paul Gutty le montra avantageusement dans quelques courses "pro", Charles Rigon pulvérisa le record du Mont-Faron (les deux étaient amateurs hors catégorie), Bernard Thévenet gagna le Grand prix de France et fut Champion de France junior, puis à Mexico, Daniel Rebillard devint Champion Olympique de poursuite individuelle (il avait été sélectionné comme remplaçant pour la poursuite par équipe). Pour sa dernière saison de courses Henri Anglade en utilisa un lui aussi.
Ces cadres chromés n'étaient pas meilleurs que ceux de même fabrication émaillés, mais leur aspect amena WOLHAUSER au point culminant de sa réputation qui perdura au-delà de leur disponibilité.
Avant même les Jeux Olympiques de 1968, des bagues arc-en-ciel apparurent en décoration des cadres. Ensuite WOLHAUSER abandonna les petites marques historiques, rouges et blanches en décalcomanies pour des autocollantes avec de très grandes lettres blanches non filetées, mais aussi rouges et quelques noires pour les vélos clairs. Après les J.O. il ajouta temporairement les anneaux olympiques aux bagues arc-en-ciel élargies.
En 1971 des cadres de contrat de la précédente saison furent déchromés et peints à l’époxy, uniquement en rouge (selon Henry), pour les coureurs de l’équipe mais se vendirent peu. "Wolhau" refusa longtemps que les étiquettes COLUMBUS soient apposées afin que les concurrents ne sachent pas de quel métal ses vélos étaient faits.
Pendant toute cette période, pour répondre à des demandes spécifiques, ou pour réduire le délai, s'il n'y avait pas en stock un cadre PELA qui correpondait au besoin d'un client, des cadres d'autres provenances furent ponctuellement utilisés, probablement de cadreurs lyonnais. Il n'est pas possible d'en connaître ni le nombre, ni les provenances.
Depuis plusieurs années les stocks de freins UNIVERSAL et d’accessoires ZEUS étaient tels qu’ils permettaient à WOLHAUSER de proposer des vélos à des prix concurrentiels sans en diminuer ni l’aspect ni la fiabilité. Le prix n’était pas le seul élément en faveur de ZEUS: certes le pédalier brillait moins que ceux des autres marques mais il pouvait recevoir un petit plateau de 36 dents (le CAMPAGNOLO était limité à 42) et cela était très utile dans les monts alentours. "Wolhau" considérait que les roulements de pédalier et les moyeux de roues ZEUS étaient les plus fiables du marché, mais les dérailleurs nécessitaient un ajustage minutieux et parfois compliqué.
Et le reliquat de lacets n’était toujours pas épuisé.
En 1973 «Wolhau» reçu un cadre MIOSOTIS en alliage d’aluminium soudé sans raccord et poli, fabriqué par Mario Miosotti à Givors, autour duquel un vélo fut assemblé et marqué WOLHAUSER pour Cyrille Guimard qui l’utilisa pour Paris-Nice 1974. Il semble que ce cadre n'ait pas résisté et fut retourné chez le fabricant qui aurait alors scié tous les tubes pour les emmancher, avec collage dans des raccords en dural qu'il avait fabriqué lui-même. Une très petite série de ces nouvaux MIOSOTIS à raccords fut livrée à Wolhauser, voir les détails d'assemblage sur http://anciensveloslyonnais.weebly.com/miosotis-mario-miosotti.html . Le gros défaut de ces cadres en était le prix très élevé (problème auquel Mario Miosotti n'a, semble-t-il, jamais trouvé de solution).
Probablement en 1974, Raymond Wolhauser obtint l’exclusivité des cadres en "dural" poli, sans raccord fabriqués par Raymond CLERC à Bron. L’entretien était très contraignant et beaucoup furent émaillés ultérieurement. Ensuite un vernis transparent incolore permit de conserver le bel aspect brillant du polissage, parfois accompagné d'un émaillage partiel. En 1979 Philippe Chevallier devint Champion de France junior sur route avec un "dural". Bernard Thévenet en utilisa un à la place du cadre ALAN de son équipe, ainsi que Luis Ocana au Tour de France 1977, sans en afficher la marque.
Un vélociste de Genève, VIFIAN, vendit des vélos WOLHAUSER "dural" avant d’acheter les cadres directement chez CLERC, pour monter les vélos et les vendre à sa propre marque, tout comme, de 1975 à 82, à Montluçon, le vélociste Jean CALMUS achetait des cadres acier et dural chez Wolhauser, des boyaux CLEMENT, des jantes MARTANO et du matériel ZEUS.
Après VITTORIA, "Wolhau" eut l’exclusivité des boyaux CLEMENT, vendus "secs à point" selon le rituel habituel de contrôle du séchage.
Giuseppe PELA avait cessé brutalement son activité en 1972, apparemment pour des raisons de santé. Le stock de cadres en acier s'amenuisant, Raymond Wolhauser dût se fournir ailleurs.
Ce fut d'abord chez PICCHIO en Italie mais cela ne dura pas longtemps (peut-être parce que PICCHIO signait les cadres aux pattes arrières). Pour la suite, les cadres furent livrés "blancs de lime" (afin, éventuellement, de faire disparaître toute indication de provenance) et émaillés à LYON chez DEPIGNY.
Ensuite par "Pepe" Giuseppe LIMONGI à Rueil-Malmaison, en cadres COLUMBUS aux cotes italiennes (pour perpétuer ce qui était devenu la norme qualitative de "Wolhau").
Des cadres aux cotes françaises furent aussi faits chez Ernesto COLNAGO en Italie, à qui "Wolhau" fournissait les tubes SUPER-VITUS beaucoup moins chers, grâce à la quantité qu’il avait achetée. Afin d'obtenir ces cadres "Wolhau" dû aussi en acheter d'autres marqués COLNAGO et, peut-être même quelques vélos complets. Ces deux collaborations tournèrent court. Quelques cadres arrivèrent toujours de diverses autres provenances dont le niveau qualitatif fut très irrégulier.
Après cette période mouvementée, progressivement, dans la deuxième moitié des années 70, de plus en plus de cadres vinrent de chez BACO (Batifoulier et Collas ) à Romainville, et si cela n'était plus le très haut niveau de PELA, cela garantissait tout de même un bon niveau constant. C’était Raymond Wolhauser qui fournissait les tubes SUPER-VITUS et les raccords BOCAMA (fabriqués à Vénissieux). Il en avait acheté une telle quantité de chaque que beaucoup plus tard, il fallut en jeter à la ferraille parce qu’ils avaient rouillés. D’autres cadres arrivèrent de chez MURGUE à Saint-Etienne et Jacky BLAIN à Vienne, et peut-être aussi quelques uns en COLUMBUS de chez BACO.
Globalement, les WOLHAUSER en acier avaient perdu deux des caractéristiques qui avaient fait leur réputations: les cadres n’étaient plus en COLUMBUS, ni fabriqués en Italie.
Dans les années 70 et 80 des cintres, potences et tiges de selle WOLHAUSER furent fabriqués par DURACYCLE à Grigny.
Le stock de cadres comme d’accessoires était parfois écoulé longtemps après la fabrication. Sur un cadre récent des accessoires en stock depuis plusieurs années pouvaient être montés, et inversement. Des cadres fabriqués ensembles pouvaient devenir vélos et être vendus à plusieurs années d’intervalle (y compris, parfois, avec des fourches provenant d'un autre fabricant) et un cadre invendu depuis dix ans pouvait tardivement convenir parfaitement à un client. Tous les mélanges de marques d’accessoires étaient possibles. A l’époque le matériel n'évoluait que lentement, les coureurs étaient très conservateurs et les clients pas encore au courant des nouveautés car il n’y avait pas la presse spécialisée d’aujourd’hui…
… Et tous faisaient confiance au "Grand Wolhau", vélociste atypique, qui privilégiait toujours l’aspect général du vélo, la qualité du cadre, des roulements et la fiabilité (il n’était pas question qu’un coureur perdit une course à cause d’une défaillance du vélo) plus que la légèreté et la nouveauté. Grâce aux montages irréprochables d’un mécanicien fidèle, à une présentation flatteuse des machines, aux très nombreuses victoires et peut-être plus encore au bouche-à-oreille des clients satisfaits, il avait une renommée inégalée pour une si petite marque. Quel que fut le niveau de gamme de son équipement, un WOLHAUSER était toujours admiré.
WOLHAUSER n’a jamais fait un cadre et n’était donc pas fabricant mais constructeur.
Sur la fin des années 80, des vélos ont été assemblés autour de cadres VITUS DURALINOX et ALAN. Nous ne connaissons pas la provenances des cadres en acier après 1990.
Il y a aussi eu des VTT et des BMX WOLHAUSER, dont l'un fit la couverture d'une revue spécialisée (voir en page Photos/BMX).
* Cette décoration fit école et, avec quelques variantes pour éviter le plagiat, de nombreux cadres, de toutes marques, furent émaillés dans ce gris métallisé chez DEPIGNY.
Raymond Wolhauser avait-il eu l'occasion d'essayer lui-même ces cadres-là, ou avait-il fait confiance aux arguments de Martano ? Personne ne peut le dire, mais ce fut un choix capital car ces cadres conféraient aux WOLHAUSER une personalité encore plus raffinée que les précédents. La géométrie différente de ce qui se faisait en France : cadre dit "au carré', c'est à dire que la longueur du tube horizontal était égale à la hauteur du tube de selle et celui-ci, ainsi que la douille de direction un peu plus inclinés vers l'arrière, donnaient un très bel équilibre visuel au vélo, mais aussi un confort de roulage supérieur. Les caractéristiques dynamiques des tubes COLUMBUS et la forme (en section) des fourreaux de fourche (très différente de celle des tubes REYNOLDS) y étaient pour beaucoup.
Le stock, renouvelé régulièrement par séries d’environ 30 cadres, était suffisant pour n’avoir plus besoin d’en faire sur mesures (comment aurait-il été possible d’en fabriquer à l’unité en Italie, de le faire chromer, polir, émailler, de l’acheminer à Lyon et de le monter pour le livrer en 2 ou 3 semaines ?). Tout commençait toujours par une discussion pendant laquelle, dans son éternelle blouse bleue, Raymond Wolhauser, bâton de réglisse au coin de la bouche, cernait bien les besoins, les envies et le budget du client. Son œil aguerri lui permettait de définir rapidement la hauteur de cadre nécessaire et il ne proposait que celle qu’il savait avoir en stock. Un vélo dit «sur mesures» était un vélo monté «à la carte» sur un cadre en stock, dont la hauteur était bien adaptée à la taille du client.
Quasiment dès leur apparition, Wolhauser reçu des potences TTT gran prix qui furent la monte principale pendant plus de 10 ans (la Société "Tecnologia del Tubo Torinese" à été créée à Turin en 1961 par Mario Dedioniggi).
A peu près à la même époque, après avoir longtemps vendu les boyaux D’ALLESSANDRO, WOLHAUSER obtint l’exclusivité pour la France des VITTORIA (Ambrosiana Gomma) qu’il laissait sécher dans l’obscurité, au minimum un an, avec des vérifications permanentes, en vrai fils de fromager, avant de les mettre en vente. Là encore il avait acheté en quantité telle qu’il pouvait vendre à prix compétitif. WOLHAUSER expédiait des boyaux et des accessoires dans toute la France et un employé à mi-temps ne s’occupait que de cela.
Pour les cyclistes, Raymond Wolhauser était devenu "Wolhau" ou "le Grand Wolhau".
Lorsque, en 1963, WOLHAUSER commença à équiper ses coureurs de vélos à cadres PELA entièrement chromés, une telle machine devint indispensable à qui voulait rouler sur ce qui se faisait de mieux. Paul Gutty le montra avantageusement dans quelques courses "pro", Charles Rigon pulvérisa le record du Mont-Faron (les deux étaient amateurs hors catégorie), Bernard Thévenet gagna le Grand prix de France et fut Champion de France junior, puis à Mexico, Daniel Rebillard devint Champion Olympique de poursuite individuelle (il avait été sélectionné comme remplaçant pour la poursuite par équipe). Pour sa dernière saison de courses Henri Anglade en utilisa un lui aussi.
Ces cadres chromés n'étaient pas meilleurs que ceux de même fabrication émaillés, mais leur aspect amena WOLHAUSER au point culminant de sa réputation qui perdura au-delà de leur disponibilité.
Avant même les Jeux Olympiques de 1968, des bagues arc-en-ciel apparurent en décoration des cadres. Ensuite WOLHAUSER abandonna les petites marques historiques, rouges et blanches en décalcomanies pour des autocollantes avec de très grandes lettres blanches non filetées, mais aussi rouges et quelques noires pour les vélos clairs. Après les J.O. il ajouta temporairement les anneaux olympiques aux bagues arc-en-ciel élargies.
En 1971 des cadres de contrat de la précédente saison furent déchromés et peints à l’époxy, uniquement en rouge (selon Henry), pour les coureurs de l’équipe mais se vendirent peu. "Wolhau" refusa longtemps que les étiquettes COLUMBUS soient apposées afin que les concurrents ne sachent pas de quel métal ses vélos étaient faits.
Pendant toute cette période, pour répondre à des demandes spécifiques, ou pour réduire le délai, s'il n'y avait pas en stock un cadre PELA qui correpondait au besoin d'un client, des cadres d'autres provenances furent ponctuellement utilisés, probablement de cadreurs lyonnais. Il n'est pas possible d'en connaître ni le nombre, ni les provenances.
Depuis plusieurs années les stocks de freins UNIVERSAL et d’accessoires ZEUS étaient tels qu’ils permettaient à WOLHAUSER de proposer des vélos à des prix concurrentiels sans en diminuer ni l’aspect ni la fiabilité. Le prix n’était pas le seul élément en faveur de ZEUS: certes le pédalier brillait moins que ceux des autres marques mais il pouvait recevoir un petit plateau de 36 dents (le CAMPAGNOLO était limité à 42) et cela était très utile dans les monts alentours. "Wolhau" considérait que les roulements de pédalier et les moyeux de roues ZEUS étaient les plus fiables du marché, mais les dérailleurs nécessitaient un ajustage minutieux et parfois compliqué.
Et le reliquat de lacets n’était toujours pas épuisé.
En 1973 «Wolhau» reçu un cadre MIOSOTIS en alliage d’aluminium soudé sans raccord et poli, fabriqué par Mario Miosotti à Givors, autour duquel un vélo fut assemblé et marqué WOLHAUSER pour Cyrille Guimard qui l’utilisa pour Paris-Nice 1974. Il semble que ce cadre n'ait pas résisté et fut retourné chez le fabricant qui aurait alors scié tous les tubes pour les emmancher, avec collage dans des raccords en dural qu'il avait fabriqué lui-même. Une très petite série de ces nouvaux MIOSOTIS à raccords fut livrée à Wolhauser, voir les détails d'assemblage sur http://anciensveloslyonnais.weebly.com/miosotis-mario-miosotti.html . Le gros défaut de ces cadres en était le prix très élevé (problème auquel Mario Miosotti n'a, semble-t-il, jamais trouvé de solution).
Probablement en 1974, Raymond Wolhauser obtint l’exclusivité des cadres en "dural" poli, sans raccord fabriqués par Raymond CLERC à Bron. L’entretien était très contraignant et beaucoup furent émaillés ultérieurement. Ensuite un vernis transparent incolore permit de conserver le bel aspect brillant du polissage, parfois accompagné d'un émaillage partiel. En 1979 Philippe Chevallier devint Champion de France junior sur route avec un "dural". Bernard Thévenet en utilisa un à la place du cadre ALAN de son équipe, ainsi que Luis Ocana au Tour de France 1977, sans en afficher la marque.
Un vélociste de Genève, VIFIAN, vendit des vélos WOLHAUSER "dural" avant d’acheter les cadres directement chez CLERC, pour monter les vélos et les vendre à sa propre marque, tout comme, de 1975 à 82, à Montluçon, le vélociste Jean CALMUS achetait des cadres acier et dural chez Wolhauser, des boyaux CLEMENT, des jantes MARTANO et du matériel ZEUS.
Après VITTORIA, "Wolhau" eut l’exclusivité des boyaux CLEMENT, vendus "secs à point" selon le rituel habituel de contrôle du séchage.
Giuseppe PELA avait cessé brutalement son activité en 1972, apparemment pour des raisons de santé. Le stock de cadres en acier s'amenuisant, Raymond Wolhauser dût se fournir ailleurs.
Ce fut d'abord chez PICCHIO en Italie mais cela ne dura pas longtemps (peut-être parce que PICCHIO signait les cadres aux pattes arrières). Pour la suite, les cadres furent livrés "blancs de lime" (afin, éventuellement, de faire disparaître toute indication de provenance) et émaillés à LYON chez DEPIGNY.
Ensuite par "Pepe" Giuseppe LIMONGI à Rueil-Malmaison, en cadres COLUMBUS aux cotes italiennes (pour perpétuer ce qui était devenu la norme qualitative de "Wolhau").
Des cadres aux cotes françaises furent aussi faits chez Ernesto COLNAGO en Italie, à qui "Wolhau" fournissait les tubes SUPER-VITUS beaucoup moins chers, grâce à la quantité qu’il avait achetée. Afin d'obtenir ces cadres "Wolhau" dû aussi en acheter d'autres marqués COLNAGO et, peut-être même quelques vélos complets. Ces deux collaborations tournèrent court. Quelques cadres arrivèrent toujours de diverses autres provenances dont le niveau qualitatif fut très irrégulier.
Après cette période mouvementée, progressivement, dans la deuxième moitié des années 70, de plus en plus de cadres vinrent de chez BACO (Batifoulier et Collas ) à Romainville, et si cela n'était plus le très haut niveau de PELA, cela garantissait tout de même un bon niveau constant. C’était Raymond Wolhauser qui fournissait les tubes SUPER-VITUS et les raccords BOCAMA (fabriqués à Vénissieux). Il en avait acheté une telle quantité de chaque que beaucoup plus tard, il fallut en jeter à la ferraille parce qu’ils avaient rouillés. D’autres cadres arrivèrent de chez MURGUE à Saint-Etienne et Jacky BLAIN à Vienne, et peut-être aussi quelques uns en COLUMBUS de chez BACO.
Globalement, les WOLHAUSER en acier avaient perdu deux des caractéristiques qui avaient fait leur réputations: les cadres n’étaient plus en COLUMBUS, ni fabriqués en Italie.
Dans les années 70 et 80 des cintres, potences et tiges de selle WOLHAUSER furent fabriqués par DURACYCLE à Grigny.
Le stock de cadres comme d’accessoires était parfois écoulé longtemps après la fabrication. Sur un cadre récent des accessoires en stock depuis plusieurs années pouvaient être montés, et inversement. Des cadres fabriqués ensembles pouvaient devenir vélos et être vendus à plusieurs années d’intervalle (y compris, parfois, avec des fourches provenant d'un autre fabricant) et un cadre invendu depuis dix ans pouvait tardivement convenir parfaitement à un client. Tous les mélanges de marques d’accessoires étaient possibles. A l’époque le matériel n'évoluait que lentement, les coureurs étaient très conservateurs et les clients pas encore au courant des nouveautés car il n’y avait pas la presse spécialisée d’aujourd’hui…
… Et tous faisaient confiance au "Grand Wolhau", vélociste atypique, qui privilégiait toujours l’aspect général du vélo, la qualité du cadre, des roulements et la fiabilité (il n’était pas question qu’un coureur perdit une course à cause d’une défaillance du vélo) plus que la légèreté et la nouveauté. Grâce aux montages irréprochables d’un mécanicien fidèle, à une présentation flatteuse des machines, aux très nombreuses victoires et peut-être plus encore au bouche-à-oreille des clients satisfaits, il avait une renommée inégalée pour une si petite marque. Quel que fut le niveau de gamme de son équipement, un WOLHAUSER était toujours admiré.
WOLHAUSER n’a jamais fait un cadre et n’était donc pas fabricant mais constructeur.
Sur la fin des années 80, des vélos ont été assemblés autour de cadres VITUS DURALINOX et ALAN. Nous ne connaissons pas la provenances des cadres en acier après 1990.
Il y a aussi eu des VTT et des BMX WOLHAUSER, dont l'un fit la couverture d'une revue spécialisée (voir en page Photos/BMX).
Les cadres en "dural" fabriqués par Raymond CLERC à Bron
Le Cycle n°51, novembre 1979 (le titre de la page créé la confusion: le cadre présenté page 39 n'est pas commercialisé par Wolhauser et ses et ses tubes sont collés dans des raccords). Voir les détails de fabrication des cadres de Raymond CLERC sur http://anciensveloslyonnais.weebly.com/ |